« Un jeune enfant, sur son pot, s'efforçait.
Moralité :
Le petit poussait. »
Alphonse Allais
Le Petit Poucet, sans cailloux ne se perd pas, car il a désormais, c'est beaucoup plus simple, un smartphone. Il se
barre sur n'importe quel chemin, sans retour, il n'est en fait jamais parti. Il n'utilise pas du tout le GPS de son smartphone, pas besoin, il se balade directement sur l'horizon en
ligne, relit même ses mémoires sur Wikipédia, enfin plein de choses comme ça, même si la plupart du temps c'est moins intéressant, il ne sait pas bien naviguer. Sur une barque il ramerait
que d'un côté et tournerait en rond. France, charmante blonde, un peu trop âgée, cherche système d'éducation. Bref, si le texte s'égare ce n'est pas le cas de notre petit poucet,
le bucheron dit à sa femme « on a plus rien à donner à manger aux petits, commandons une pizza ». En fait ce qu'il y a de beau à pouvoir se perdre sans se perdre, et bien c'est cela, de pouvoir se perdre sans se perdre. Enfin, il faut être plus
sérieux. Les liens sur Wikipédia son bleus, comme la mer, c'est très joli. Il est quand même gentil ce Wikipédia, Poucet a appris pleins de choses grâce à lui. Qu'il est beau de pouvoir tant voguer, d'île en île, de découvrir l'Amérique, de penser
différemment tout cela, et une étendue d'information, en l'image d'une pensée non-agissante. Très souvent l'on vogue pour voguer. Aujourd'hui perdons-nous, car il est impossible de se perdre, car l'on sait comment s'y prendre. Il n'est pas nécessaire
de trouver des accroches, ce qui détermine cette perte, c'est la situation de cette perte et la capacité à se situer en son sein, chercher l'inconnu dans une parfaite stabilité, déplacement dans l'imagerie d'un espace qui pourrait-être mental à
l'exception qu'il concerne, qu'il se situe dans l'information, dans les connaissances. Il y a des liens qui naviguent dans l'immensité bleue et, s'ils ne renvoient « qu'à » des lieux, ils forment pour autant des possibilités d'assemblages. Quelle
dérive. Internet n'est pas qu'une simple évolution de notre mémoire.
On pourrait parler de déambulation mais ce ne serait alors pas questionner la perte, qui ne l'est pas vraiment et se rapproche plutôt d'une non-perte où le temps apparaît comme l'élément, le seul, que l'on risque à la perte. Si Internet est un lieu dans
lequel on sait se perdre, c'est car c'est un lieu d'apprentissage de la perte, l'Internet récent et ses onglets qui nous a si bien appris à naviguer à travers ses liens bleus, océan d'informations. Mais cherchons-nous vraiment une île ? Ne cherchons
nous pas donc autre chose, comme les yeux fermés et les bras en avant, ne cherchons nous pas au hasard, en guidant les possibles. Dans ce cas pourtant le Petit Poucet ne se perd
pas dehors. Mais quelque chose revient, il ne se perd pas grâce au GPS donc, il ne se perd pas parce-que matériellement il a un objet qui lui permet cela, et qui répand ses balises virtuelles sur un chemin réalisé.
Il est tentant de faire des recherches de mots dans les livres. Les questions ne se perdent plus quand les réponses ne dépendent pas du temps qui diffère. La météo nous suit et non l'inverse. Désormais nous pouvons faire plein de choses inutiles et ridicules,
mais cela présage une optimisation étrange. Une grenouille de la jungle d'un pays équatorial humide et beau a désormais la couleur adéquate. L'organisation d'une pensée n'a pas
besoin de commencer maintenant, une pensée, il est vrai, c'est beaucoup dire. Ce qui importe c'est qu'elle se préparera avant de se préparer. Sí, esto es bastante posible, en cierta
medida, pero es posible. Et c'est très souvent suffisant, mais admettons tout de même, l'inverse déjà ne marche pas très bien, enfin, c'est compréhensible.
Il se balade sur un lieu de mémoire, de mémoires. Un ordinateur lui-même a de la mémoire, une mémoire à partager,
surtout illégalement. Il aurait presque une mémoire de pensée, il faut l'activer, mais il semble tant réfléchir parfois, quand c'est si difficile pour lui. Mais il faut revenir aux mémoires de Poucet. Nous pouvons trouver tant de choses sur tant
de gens, et Poucet est concerné par cela, il est sorti du conte, il est devenu un personnage de fiction, avec ses mémoires donc, il s'est répandu, mais cela n'est pas nouveau. Ses mémoires se répandent, et répandent une pensée via des bouées sans
attaches, qui se perdent autant que ceux qui peuvent les chercher, pour s'y perdre. Deux bouées s'entrechoquent et quelqu'un passait par là, il n'a rien eu d'autre à faire que d'observer la scène. Peut-être pourrait-il écrire cela, décrire la scène,
parler d'un assemblage. Comme le suiveur du chemin de Poucet qui ne voit d'abord qu'un caillou avant de se rendre compte d'une forme. On peut filer le texte, ce texte par exemple s'inspire originellement d'une conférence de Michel Serres, c'est indéniable
et en voici le premier caillou (qui pourrait être oublié, dans sa matière) : https://www.youtube.com/watch?v=jA_kkTgfapM.
Il faudra alors essayer d'emprunter le chemin qui diffère, celui même qui s'en détache.
Le papier de cette publication est respectueux des forêts et de notre environnement, il a été produit grâce à des arbres cultivés et n'a porté atteinte, a priori, à personne.
C'est comme se déplacer vers un autre endroit, c'est très banal aujourd'hui, c'est d'une certaine manière matérialisé, vers un autre endroit donc, en restant assis sur une chaise, devant un écran. Mais n'y a-t-il pas une différence dans cette appréhension,
n'est-ce pas désormais un espace plutôt qu'une suite d'images. On peut se retourner et revoir la même image, identique, et ne plus l'imaginer, on peut revenir sur des lieux. Et dire que l'on se perd est probablement faux, car le contraste est trop
grand, c'est réellement une pensée de la virtualité qui se fonde et qui vient s'opposer à celle si habituelle taxée de réalité. Il y avait une différence au début du texte, une
hésitation dans la dénomination matérielle de la virtualité de l'écran, c'est de cela dont il s'agit, et c'est parce qu'il n'est pas tant matériel au sens ou un livre pourrait l'être.
Prendre une route c'est surtout ne pas en prendre une autre dirait quelqu'un. Et il faut avouer la présence de cette déception possible, quand on a l'espoir d'un lien qui se détruit dès l'ouverture vers un autre espace, il y a quelque chose ainsi qui
nous détourne, on revient en arrière pour mieux repartir, ou on s'en va. Heureusement il y a aussi l'inverse, une date devient immense et le moindre mot peut nous perdre, enfin ça dit pas grand-chose tout ça, ce sont des choses qui arrivent.
C'est mesurer, mesure. En fait ce qu'il se passe dans la forme, ici, ce texte ou ce morceau de texte précis il ne sert pas à beaucoup plus pour le moment, c'est un peu pareil parfois,
il y a des chemins avec des fins.
Mais il se passe autre chose dans tout ça, c'est justement qu'il y a des chemins, qui sont des outils éventuels, ceux d'un souvenir, de sa constitution. Ainsi il pourrait y avoir un cul-de-sac, on pourrait se souvenir du chemin qui le précède pour ne
pas y revenir, voire même d'ailleurs pour y revenir. Si l'on ne se souvient pas d'un musicien, on pourra se souvenir que l'on est passé par free jazz tout d'abord, puis par saxophoniste pour atteindre son nom, et c'est une manière, pour un texte,
différente de se développer, dans un livre on pourra se souvenir d'un espace plus que d'un chemin, dans un livre on situe la page puis le mot sur cette page, sur Internet, on peut noter cette page, mais on peut l'oublier pour se souvenir de son chemin
et agir d'une certaine manière avec une certaine distraction, différente de celle d'un livre. S'il y a une notion d'espace elle ne se déforme pas alors forcément en un océan comme il était dit précédemment, mais plutôt alors comme un chemin, ne serions-nous
pas tentés de dire en une ligne, et parfois on voit un horizon et l'on tombe sur un firmament.
Il y a quelque chose de très attaché avec un ordinateur, mais cela ne concerne peut-être que le travail, enfin, quelques photos, quelques objets virtuels. Mais il est pour autant possible de le considérer comme un outil déplacé, comme le furent les livres
pour la mémoire, comme un outil qui serait prolongement de notre cerveau, comme une formalisation de celui-ci. Pourtant il y a aussi quelque chose de très détaché et c'est peut-être cela qui importe, car, même si cela est basé sur une image, sur
une organisation, c'est ainsi parfois le bordel pour trouver un fichier sur un ordinateur parfaitement rangé mais qui n'est pas le nôtre, alors cela permet un partage, mais qui n'est pas nécessairement un simple partage d'informations brutes, mais
aussi de leur mise en chemin, de leur classification, et c'est presque tout un système de pensée qui peut apparaître. Pour en revenir au début de ce morceau donc, c'est l'extériorité de l'ordinateur, le contraste évoqué, qui se pose comme un lieu
parfaitement extérieur et dont on a conscience, que l'on peut alors aborder selon cette prise en compte. Peut-être n'est-ce que transitif, avec la réalité virtuelle qui se développe, mais nous pouvons voir cela.
Comment se repérer sur un chemin sans panneaux, comment trouver le cap vers un port quand on ne sait pas naviguer ? Si Internet suppose une perte possible, il faut apprendre à s'y repérer. Apprendre à disposer des panneaux selon notre situation donc,
apprendre à trouver le bon chemin, disons celui qui nous intéresse, celui vers lequel on s'achemine. Il faut savoir finalement se repérer pour accepter de se perdre. Internet est un lieu d'apprentissage, c'est indéniable, mais c'est un lieu qui demande
aussi un apprentissage, mais nous ramons, ce n'est pas le seul domaine dans lequel nous ramons, mais peut-être un des pires ; puisque il mène vers les autres tout d'abords, et puisque, s'il n'y mène pas peut mener ailleurs, dans des lieux permis
par la liberté d'Internet, et dont l'idéologie va à son encontre. Un lieu qui dans la perte ira chercher les perdus. C'est en partie ici que cette nécessité de savoir se perdre apparaît.
Bien des gens, il semble possible d'affirmer cela en tout cas, n'auraient pas eu leur bac sans leurs calculatrices, c'est autrement dit les pompes autorisées. Mais ce n'est pas vraiment un problème, c'est comme l'apparition des livres pour la soi-disant
perte de la mémoire. C'est un lieu de mémoire indéniable donc, qui apparaît comme une annexe, mais qui ne diffère pas tant d'une bibliothèque, sinon dans la qualité de ses informations, avouons que pour le moment les livres l'emportent, mais avouons
aussi que beaucoup de livres sont sur internet, ctrl+f permis en supplément.
Aussi ce n'est pas tant sa mémoire qui compte mais la façon qu'elle a d'évoluer, c'est pour cela qu'Internet vient tant questionner l'Histoire, il conserve énormément puisque il conserve tout, c'est encore possible, il a cette capacité à stocker une quantité
immense d'informations très facilement, ainsi que des versions précédentes. Il peut stocker tant d'ailleurs qu'il permet un individualisme marqué, qui a lieu sur les réseaux sociaux, eux qui permettent cette mise en avant des personnes. Cela ne sert
à rien dans l'évolution d'Internet, mais représente, mais n'est-ce pas un paradoxe ? Ce qui n'est pas pensé dans ce geste de mise en ligne d'image c'est la destruction de l'image, les images se suivent et se ressemblent, elles ne servent que de miroirs,
ne montrent rien finalement, disons plutôt qu'elles sont des reflets pour une seule personne, et l'univers fictif qui les entourent, c'est l'art de montrer qu'il n'y a rien à montrer. C'est montrer son accord avec une vision d'Internet, avec une
de ses images.
Il se passe
DES CHOSES COMME
ÇA
C'est bien mieux pour les titres a priori mais fonctionne très bien par
ici
Différemment,
la lecture est plus rapide dans les environs
L'écriture s'adapte.
Il y a toujours un problème, la jeunesse d'aujourd'hui écrit trop mal, l écri com sa, c'est n'importe quoi, au contraire jamais les gens n'ont autant écrit, les gens regardent tout de même, la « destruction » de l'orthographe n'est qu'une question de
place. Pour autant, même limité par 140 signes il est tout à fait possible d'émettre une information concise, c'est désormais le dire qui a changé, non son orthographe.
Le terme "oublier" sur Internet explore sa signification. Oublier, le droit à l'oubli dont il est question désormais vient le questionner, oublier, ce serait se déréférencer, devenir invisible, non illisible, disparaître. Tout est oubliable puisque rien
est oublié. Cette matière en revanche elle est questionnable, ce n'est pas elle qui se rend invisible, son chemin s'est brisé en une rivière.